Mardi 9 juin
2009
Lestés d'un bon petit-déjeuner : céréales plus súrmjólk, pain noir plus jambon plus fromage, autre pain noir
plus beurre plus confiture d'orange ou confiture de fraise, tranches de pastèque, d'œuf dur, de tomates, rondelles de concombre, lait et jus d'orange
(j'ai dit lestés…), nous nous dirigeons tranquillement vers notre immanquable rendez-vous islandais : les phoques d'Ytri-Tunga.
Nous avons une longue histoire d'amour avec eux : 2 fois en juin 2005, avril 2009 et peut-être
aujourd'hui.
Nous sommes seuls sur la route 54 qui traverse la large plaine verdoyante. A droite, les nuages couvrent les
sommets des Alftárhraun, Saðarhraun et Hagahraun.
Nous obliquons vers les orgues basaltiques de Gerðuberg à Ytri-Rauðamelur.
L'église est toujours fermée, dommage car nous aurions aimé nous asseoir sur les bancs cintrés que nous apercevons de la fenêtre.
Tout est calme, la ferme et les maisons sont abandonnées, nous n'entendons que le chant des chevaliers gambette et des courlis. Un lagopède sautille dans un champ, des moutons gambadent sur le chemin.
Des vaches noires à fourrure laineuse, des Galloways, s'enfuient dès que je sors de la voiture pour les photographier.
Une petite rivière coule entre les prairies en doux méandres.
Des silènes acaules violines égaient les champs pierreux érodés par les moutons.
Les nuages s'effilochent doucement des cimes du Rauðamelsfjall.
Jaime la quiétude qui se dégage de ce paysage.
Nous nous garons sur le parking d'Ytri-Tunga dont la maison n'est plus un hébergement de
touristes.
Zut, il y a déjà un camping-car et une voiture. Pourvu qu'ils n'affolent pas "nos" phoques.
C'est marée basse, très basse même. Je me demandais s'il y avait des marées car les trois autres fois j'ai vu
la mer au bord de la plage. Et bien, j'ai la réponse.
Sur la gauche, à travers les jumelles, j'aperçois deux boules dans l'eau : des phoques. J'approche doucement,
essayant de ne pas me casser la margoulette sur les rochers recouverts d'algues et de fucus vésiculeux.
Et que vois-je à quelques mètres sur un rocher ? Une grosse mémère en position de "banane" qui dort et se dore au timide soleil.
Je marche dans le lit de la rivière pour approcher encore plus près. Elle lève la tête mais continue à se prélasser nous montrant tour à tour son flanc, son dos et son ventre gris clair tacheté
de gris foncé, se grattant l'oreille avec sa nageoire dorsale, applaudissant de ses nageoires caudales.
La mer est calme, plate, d'huile, juste ridée par moments par une petite brise. C'est un instant de grâce comme il y en a peu dans une journée.
Un instant, elle appelle un peu comme un chien hurlant à la mort. Je l'imite, elle m'écoute mais j'imite
certainement mal car elle ne vient pas vers moi. Je ne suis pas crédible en phoque. Par contre, si je continue à marcher sur les rochers glissants, je vais m'étaler et le Morgunblaðid va titrer :
"une baleine s'échoue sur la plage d'Ytri-Tunga" !!!
Tant pis, je reviens sur la plage en faisant éclater les vésicules du fucus sous mes bottes. On dirait du papier bulle.
Nous déjeunons sur la plage, assis sur le touret, de tomates, concombre islandais et terminons par un skyr bien sûr.
Pas un bruit, excepté le chant des cygnes, des courlis, des huîtriers, des oies qui passent au-dessus de nos têtes et l'aboiement des phoques au loin, là bas sur les rochers entourés par la
mer.
Le Snæfellsness a toujours la tête dans les nuages, la neige recouvre les sommets des montagnes
environnantes.
Il ne fait pas chaud : 6°.
Nous nous promenons autour de l'église et sur la plage de Búðir.
C'est fou ce que l'on peut voir comme plantes poussant sans terre sur les amas de lave qui bordent la mer.
Cochlearia
Après cette promenade vivifiante, nous repartons vers Vegamot.
Arrivée en vue d'Ytri-Tunga, je pense fortement : Pourvu qu'il tourne à droite et à ce moment, mon mari me dit
: tu veux y retourner ? Quelle question ? Autant demander à un aveugle s'il veut voir…
Le niveau de la mer a un peu augmenté, mais pas assez pour que les phoques viennent au bord de la plage.
Cette fois-ci, ils sont à droite et nous en voyons jouer quatre au loin.
Nous les observons, leur disons au-revoir et à la prochaine fois.
Belle journée.
Nous nous arrêtons à Ölkelda, mais la pompe à main qui délivrait de l'eau pétillante est "dégrennée" (c'est du tourangeau) (désamorcée).
Une dame nous indique un autre
endroit où un robinet nous permet de goûter à une eau pétillante naturelle.
Dans le petit marigot, les bulles remontent de temps à autre. C'est rigolo.
Cette fois, plus d'arrêt jusqu'à Helgafell hormis une pause café-chocolat à la station service de Vegamot (N1 automatique).
Arrivés en haut du col, je prends un grand coup au cœur. Quel spectacle !
A gauche, les montagnes rouges, noires, grises, vertes ; à droite, le ciel bleu dragée et la mer bleu
clair.
C'est d'une beauté qui prend aux tripes.
En descendant le petit chemin qui mène à l'église au toit rouge d'Helgafell, j'ai les yeux rivés au sol cherchant un joli caillou.
L'église est fermée. Par la fenêtre, nous voyons les bancs arrondis recouverts de coussins
confortables.
Nous regardons les tombes, cherchant celle de Guðrun Ósvífursdóttir. C'est qu'il y a une quantité de Guðrun ici !!!
Mais celle que nous cherchons est morte depuis 1001 ans.
C'est Guðrun Ósvífursdóttir, l'héroïne de la saga des gens du Val au Saumon.
Elle vécut ici, cloîtrée, jusqu'à son dernier jour en 1008.
Nous la trouvons enfin dans un enclos à l'extérieur du cimetière.
Je pose mon joli caillou sur la stèle, mais je suis étonnée de ne pas en trouver d'autre.
Guðrun, 1000 ans après, quelqu'un pense à toi. Quelqu'un pensera-t-il à moi dans 1000 ans ?
Lorsque nous remontons, le chien de la ferme revient se faire câliner. Il doit aimer la saison touristique !!!
Nous gravissons le Mont Helgafell sans parler ni se retourner, enfin moi, parce que mon mari est incapable de
tenir dix minutes sans parler…
De plus, il se retourne pour voir si je le suis.
Ses trois vœux ne se réaliseront pas.
En 2005, j'avais fait trois vœux mais j'ai dû louper quelque chose car deux ne se sont pas accomplis, c'est
pourquoi je remonte cette année avec trois autres.
Pour être bien certaine, je les ai prononcés devant la table d'orientation pour être sûre que je regardais bien à l'est.
Nous avons une superbe vue sur le Breiðafjörður et ses innombrables îles.
Juste à l'entrée de Stykkishólmur, nous faisons le plein chez Olis. Une surprise nous y attend.
Comme hier à Borgarnes, il est affiché 167.3 ISK et sur la pompe s'inscrit 168.8 ISK. Renseignements pris
auprès du pompiste, 167.3 c'est si on règle par carte bancaire. C'est directement versé sur le compte d'Olis et 168.3 si on règle au pompiste. La différence de prix est son salaire.
Il fallait le savoir.
Nous trouvons facilement notre hébergement du soir. La guesthouse est située au bord du fjord. Jolie chambre,
confortable ; grande salle de bains commune à 4 chambres mais dont seulement deux sont occupées. Nous allons être "comme des coqs dans le plâtre" (citation d'une vieille
cousine).
site : http://frontpage.simnet.is/almdie/
contact : almdie@simnet.is
Nous partons en repérage sur le port afin de ne pas rater le ferry demain qui nous conduira sur l'île de
Flatey.
Devant l'escalier qui mène au phare, le quai d'embarquement, mais le ferry n'est pas là.
Du phare, nous découvrons le Breiðafjörður et toute la ville.
De pimpantes maisons multicolores composent la ville, un hôpital moderne et l'église à l'architecture avant-gardiste déparent un peu le paysage.
Vue d'ensemble
L'église moderne
L'hôpital
et l'église
Le petit port est croquignolet avec ses bateaux colorés.
Un navire en inox derrière un monument aux morts fleuri complète le paysage.
Le tour du village, pardon, de la capitale du Snæfellsness est vite fait.
Nous avons repéré un restaurant où nous rendons. Bonne adresse.
Après de délicieux petits pains tièdes et du beurre, une grosse assiette de soupe avec plein de morceaux de
poissons variés et crevettes nous est servie, suivie d'une dame blanche et d'un gâteau coulant au chocolat accompagné d'une boule de glace, de myrtilles fraises et mûres présentés dans un coffret
laqué. Le tout pour 6300 ISK (36€), y compris une bière.
L'adresse : Narfeyarstofa 3 Aðalgata.
Nous effectuons une promenade digestive au bord du fjord et regagnons notre home pour la nuit.