Lýðveldisdagurinn, la fête nationale Islandaise
C'est le 17 Juin 1944 que la République d'Islande fut officiellement proclamée et que le pays devint indépendant après avoir
appartenu aux Danois.
Ce jour fut choisi pour devenir le jour de la fête nationale en Islande en l'honneur de Jón Sigurðsson, grand défenseur de l’indépendance, né à cette date.
Les Islandais apprécient particulièrement ce jour et le fêtent comme il se doit : cérémonies officielles, défilés, théâtre de rue, parades et autres bals populaires se multiplient de Reykjavík,
jusque dans les plus petits villages et ce jour là des milliers d'Islandais se plaisent à pique-niquer à Þingvellir, là où fut fondé le premier parlement démocratique islandais.
J'avais déjà assisté à la fête nationale dans un minuscule hameau des Vestfirðir, mais cette année, c'est à Reykjavík que j'ai posé mon sac.
Habituée aux grandes métropoles, je m'étais imaginée une foule immense venant y assister.
Les festivités devant commencer à 9h50, j'étais déjà sur place à 8h20.
Grand soleil et ciel bleu sont au rendez-vous.
Pas un chat dans les rues, pas un drapeau. Me serais-je trompée de jour ?
Après avoir déambulé dans les petites rues aux maisons colorées, je reviens sur Lækjargata, où maintenant, c'est l'effervescence. La rue est interdite à la circulation, les drapeaux fleurissent.
Fríkirkjan Menntaskólin (lycée)
La Mairie a revêtu ses plus beaux atours.
Les jeux gonflables pour les enfants sont en cours d'installation.
Je me dirige vers l'église Dómkirkjan, où j'avais envisagé d'assister à l'office en compagnie des officiels (je suis naïve), mais le service d'ordre m'en interdit l'accès. On me demande de contourner l'Alþingi afin de rejoindre la place de l'Austurvöllur, elle-même délimitée par un cordon de sécurité.
Je suis seule, pas un Islandais, pas un touriste. Je peux donc choisir ma place où j'espère assister à toutes les cérémonies officielles.
L'église commence à se remplir : les Ambassadeurs de tous les pays, les officiels Islandais, le clergé et enfin, le Président Ólafur Ragnar Grímsson. Je n'ai pas vu entrer le premier ministre Jóhanna Sigurðardóttir..
Toutes les cloches de la ville sonnent. La cérémonie religieuse peut débuter, retransmise sur la place par des haut-parleurs.
Les touristes commencent à investir la place.
Les scouts défilent, suivis par les policiers en tenue de cérémonie.
Le service d'ordre se met en place.
Un policier, Erlandur en personne J, s'installe devant moi, me cachant une partie de la cérémonie. Il est impassible, son regard se fixe vers l'horizon mais il surveille les badauds.
Vingt minutes plus tard, Olafur et Jóhanna sortent de l'église et s'engouffrent dans Alþingi, sous le regard des policiers au garde à vous.
Les officiels les suivent et s'installent sur les sièges disposés derrière la statue de Jón Sigurðsson sous l'œil de la fanfare.
Dix minutes plus tard, le Président et la première ministre quittent l'Alþingi accompagnés d'une jeune fille qui tient une couronne de fleurs qu'elle déposera au pied de la statue de Jón Sigurðsson.
Jóhanna Sigurðardóttir entame une allocution qui durera quinze minutes.
La porte du Parlement s'ouvre et en sort la Fjallkonan, en robe de cérémonie typiquement islandaise, très digne qui s'avance et prend la place de Jóhanna. Elle lit un poème, puis s'en retourne dans l'Alþingi, toujours aussi solennelle.
La Fjallkonan (la dame des montagnes) représente l'incarnation féminine de l'Islande, l'esprit islandais et la nature. Elle est devenue un symbole de la lutte pour l'indépendance islandaise. Elle se manifeste pour la première fois dans un poème en 1752. Son image apparaît dans "les légendes populaires islandaises" en 1864.
La lecture d'un poème par la Fjallkonan lors de la fête nationale est devenue une tradition depuis la proclamation de la République d'Islande, en 1944.
La cérémonie officielle est terminée, le Président regagne l'Alþingi.
Ne restent sur la Place Austurvöllur que des femmes en robe traditionnelle.
Occupée à les photographier, j'ai totalement oublié d'accompagner le cortège qui se dirige vers le cimetière de Sudurgata afin de déposer une gerbe de fleurs sur la tombe de Jón Sigurðsson.
Je suis les groupes de Reykvikingar qui se dirigent vers Austurstræti où de petites échoppes ont fleuri durant les cérémonies. Il se vend des sucettes en forme de drapeau aux couleurs de l'Islande, des drapeaux islandais, des ballons, des poupées folkloriques….
Il y a foule devant le stand de pylsur.
Sur Laugavegur, je retrouve les scouts et différentes fanfares qui défilent dans les rues, suivis par la foule.
Dans Skólastræti Le Reykjavík Brass Band précède une troupe de théâtre de rues, perchée sur des échasses, déguisée en "hommes verts" façon Hulk.
Au bord du lac Tjörnin, des "gros bras" déplacent des tonnes de ferraille sous les applaudissements du public.
Les familles se dirigent vers Fríkirkjan où se déroule un office.
Sur le petit pont qui enjambe le lac, sont exposées de vieilles voitures.
Dodge Mercury Montclair
Oldsmobile
Chrysler Corvette
Plymouth Malibu Classic
Pontiac Chevrolet
Chevrolet
Les enfants se pressent sur les structures gonflables installées sur Lækjargata et s'en donnent à cœur joie.
D'autres jeux sont installés sur le parking du Port.
Une foule est massée sur la colline d'Arnarhóll et grands et petits accompagnent en chantant et tapant des mains les groupes qui s'y produisent.
Les drapeaux claquent au vent dans le ciel bleu. Le soleil brille.
Les avions frolent la tête des passants.
Les fillettes et leur maman vêtues de costumes folkloriques répondent, en souriant, aux sollicitations des touristes photographes.
Il ya tellement de monde qu'on pourrait croire que toute l'Islande s'est donné rendez-vous à Reykjavík.
Bien d'autres évènements se déroulent aux quatre coins de Reykjavík : une compétition de voile au large de la côte de Sæbraut, des bals à plusieurs endroits, un concert à l'Hôtel de Ville, des jeux Vikings, un tournoi d'échecs en plein air, des spectacles de cirque et de marionnettes, des démonstrations sportives…
Tout ça est bon enfant.
Il est temps de monter à Hallgrímskirkja où un concert d'orgue et violoncelle est donné par
Hörður Áskelsson, organiste d'église et Inga Rós Ingolfsdóttir violoncelliste à l'Orchestre symphonique d'Islande.
J'ai eu le bonheur d'entendre résonner ces magnifiques et imposantes orgues dans des œuvres de Saint-Saëns et Rachmaninov ainsi que de Holleran, Jon Leifs, Jón Hlöðver Áskelsson et Kjell Karlsen.
La prochaine fois où je serai présente lors de la fête nationale, j'assisterai aux festivités auxquelles je n'ai pu prendre part. Il y a tant d'évènements disséminés dans tout Reykjavík qu'il est impossible de participer à chacun.