Tout a commencé en Novembre 2002.
Nous revenions de la Réunion et la Fournaise ne nous avait pas fait la joie de se montrer dans toute sa splendeur.
Nicolas étant tombé amoureux des volcans et ayant rapporté 6 kg de laves et scories diverses , nous avons cogité pour lui offrir un spectacle assuré ; nous avons d’abord songé à la Sicile , mais il y fait très très chaud , ( nous sommes plutôt Finlande , St Pétersbourg et Danemark ) , c’est alors que nous avons pensé à l’Islande ; ça tombe bien , nous avions le GDR Finlande/Islande 2001 , après une brève lecture , nous nous dîmes que c’était exactement l’endroit qu’il nous fallait : grand spectacle assuré , grands espaces , paysages grandioses , air pur , terres vierges , pas de pollution sonore , oiseaux , flore et faune à foison.
Le temps passe, on y pense.
Puis on y pense et on y pense.
Puis on y va ?
Puis commencent les interrogations : l’hébergement et l’intendance ? Saura-t-on passer les gués… ?
Nous avons survécu à 15 jours épiques à St Petersburg, cela ne peut pas être pire.
Décembre 2004 : on y va.
Janvier 2005 : début de la préparation du voyage.
Comme d’habitude, je commence par consulter les brochures des voyagistes, tout va très très bien, mais les voyagistes sont des professionnels du voyage organisé (heureusement ), mais justement c’est ce «organisé » qui nous chiffonne un peu car nous, ce que nous cherchons, c’est s’exonérer du groupe, s’arrêter lorsque ça nous chante, écouter et observer les oiseaux autant que nous le souhaitons, se balader hors des sentiers battus.
Puis j’établis mon tableau avec le GDR, tout va très bien.
Puis j’ajoute la colonne du Gallimard, tout va bien.
J’imprime des cartes via Lexilogos et je donne un coup de marqueur sur les sites, mais impossible de « rabouter » les cartes (problème d’échelle).
Ensuite, je commence à naviguer sur Internet et je tombe sur le site des Gilabert là, tout va mal, tout se complique car je viens de retomber sur terre, ce n’est pas si simple que je le pensais, nous venons de trouver nos frères, des « gens vrais » qui ont vécu ce que nous souhaitons vivre et leur formidable récit nous éclaire sur ce qui nous attend vraiment.
On y va ?
On y va, St Petersburg…
Nous achetons la carte au 500 000ème (20 € quand même, c’est la première ligne du budget) et je commence à entourer au crayon les sites qui nous intéressent, mais cela devient vite illisible.
Je file acheter une planche et une boite de punaises.
Je punaise la carte sur la planche.
Les hommes étant partis au ski, j’investis la cuisine, j’étale toute ma documentation, j’imprime le récit des Gilabert, j’ajoute une colonne à mon tableau et je l’imprime.
Munie de l’index de la carte et de mon tableau, je punaise les sites sur la carte, mais ça se corse quand il faut traduire les « Th » par le « P » (Þingvellir), les d par « ð » (Viðimýri)…
Heureusement que les Gilabert ont pris soin de transcrire tous les noms avec le clavier Islandais.
Mon circuit prend forme, mais ça ressemble trop aux voyages aseptisés des voyagistes et des guides.
Je me plonge dans la saga de Chris et MF Gilabert, je « rosis » les sites inconnus des guides, je remplis la colonne vierge de mon tableau,
Je punaise.
Il y en a partout, heureusement que je suis seule.
A présent, il faut remettre le tableau à jour de façon cohérente, faire des étapes, trouver des hébergements, traduire avec Google car l’anglais n’est pas ma « cup of tea » et traduire la traduction en rigolant.
Tiens, c’est bizarre, mon itinéraire va dans le sens inverse des aiguilles d’une montre alors que tous les voyagistes et les récits de voyages tournent dans le sens opposé.
Février 2005
Maintenant, je contacte 3 voyagistes Comptoir d'Islande, Island Tours et Nord-Espaces afin qu’ils m’établissent un devis et qu’ils me confortent dans la faisabilité du projet.
En étudiant le tableau, comme je m’y attendais, il va falloir faire l’impasse sur certaines régions : les Iles Vestmann et la péninsule du Nord-Ouest vont en faire les frais et sûrement Grímsey lorsque nous serons sur place.
Le projet murit, je supprime, j’intervertis, je change les étapes.
Echange de courriels avec les voyagistes.
Je ne pense qu’à ça, je ne rêve que d’Islande quand j’arrive à dormir, car tout bouillonne dans ma tête comme à Hveravellir.
Le grand labbe attaque, vite une parade, un bâton ? (pas pour le taper mais pour le tromper sur la taille de son adversaire) et s’il n’y en avait pas ? J’ai trouvé, il me faut un bâton pliant, genre canne d’aveugle qui me servira aussi pour tester la profondeur des gués. En parlant des gués, ne pas oublier d’emporter les sandales de mer. Que faire de la bouteille de gaz au retour ? Avec toutes ces questions, il est 2h30 du matin et je n’ai toujours pas dormi et c’est comme ça depuis 2 semaines.
Un petit courriel à Chris et MF et voici quelques réponses à mes questions.
Les insomnies continuent.
Bientôt, je vais me mettre à parler Islandais !!!!
Aujourd’hui, visite aux concessionnaires Suzuki.
Le Jimny est beaucoup trop petit pour 3, le Grand Vitara 2 portes est à peine plus grand. Pas moyen de trouver un garage qui propose le 5 portes.
Photo Suzuki
Nous allons chez Toyota et là, nous trouvons le RAV4 qui correspond à ce que nous cherchons.
Photo Toyota
Rentrés à la maison, nous faisons établir des devis chez les voyagistes et les loueurs, le Toyota est bien au dessus de nos moyens.
Quelques jours plus tard, un Vitara 5 portes est garé vers chez nous, il est aussi grand que le RAV4 et les devis sont plus abordables.
Photo Suzuki
Le voyage prend forme.
Maintenant, je peaufine l’itinéraire en tendant des fils de couleurs différentes sur la carte suivant les étapes et je me rends compte que certaines sont composées de trop de pistes et que d’autres ne se déroulent que sur la N1.
« Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage », je reprends le guide des hébergements Farmholidays et je redécoupe le voyage.
10 Mars, j’envoie le projet final aux voyagistes et j’attends les devis en B&B et en demi-pension.
Le premier m’appelle une fois, puis me laisse en plan.
Le deuxième m’établit un devis uniquement en B&B.
Le troisième, uniquement en demi-pension.
Le choix est vite fait, 800 € de moins pour celui qui propose la demi-pension, les autres prestations étant identiques.
Le GDR 2005 et le Petit Futé en mains, je me replonge dans mon tableau.
Jean-Louis s’interroge : Que fait-on s’il y a une éruption ?
Réponse de Nicolas : Comme tout le monde, on ira voir.
JL se demande s’il doit vraiment partir avec deux frappadingues de notre espèce !
Tous les jours, je consulte le site de la météo islandaise : pas brillant, celui des séismes : pas d’étoile verte, dommage, l’activité sismique est au plus bas, le calme précède-t-il la tempête ? ; celui des conditions de circulation des pistes : ça ne s’ouvre pas vite.
9 juin, YOUPI, la F35 est ouverte. L’itinéraire de remplacement n’a plus lieu d’être, heureusement, car cela nous aurait fait faire un détour de 450 kilomètres.
Nous attendons avec impatience l’ouverture des F862 (parc de Dettifoss) et F208 (Eldgjá).
Les sacs sont bouclés, sans oublier maillots de bain, pulls, gants et doudounes (ni la provision de chocolat). Drôles de bagages pour des vacances d’été !!!
Plus la date approche, plus le doute s’installe.
Si j’avais mal préparé les étapes ?
S’il pleuvait sans discontinuer ?
Si nous avions un accident ?
Et si, et si ?
Le ventre se serre, les insomnies reprennent.