Du XII° au XIV° siècle, ce fut l’âge d’or de la production littéraire islandaise.
Les Edda forment un ensemble de poèmes dont l’origine remonte à peu près au IX° siècle.
Edda
La première Edda dite "Edda en prose" fut écrite par Snorri Sturluson vers 1220. Elle avait pour vocation de sauver l’antique culture nordique que deux siècles de religion
chrétienne était en train de laisser disparaître dans l’oubli.
Les chants eddiques sont divisés en deux parties : les poèmes héroïques et les poèmes mythologiques.
Odin (Oðinn) dieu aristocratique, énigmatique et sanguinaire, gardien du courroux sacré écrase le panthéon nordique.
Deux corbeaux (Hugin, la pensée et Munin, la mémoire) juchés sur ses épaules le secondent dans sa mission. Il parcourt le monde sur son cheval à huit pattes, Sleipnir.
Les Valkyries, ses messagères, sont envoyées sur les champs de bataille afin de choisir parmi les défunts ceux qui peupleront le paradis (Valhöll ou Valhalla) où l’on festoie en attendant le conflit final.
Il symbolise également la quête du savoir et de la sagesse pour laquelle il a sacrifié un œil.
Thor (Þóor), dieu du tonnerre, bougon et charitable défend les Ases et les hommes contre les géants de la montagne et les elfes qui peuvent prendre l’apparence de nains ou de trolls.
Il a pour attributs magiques une ceinture de force (Megingiord), des gants de fer et un marteau (Miollnir).
Nés au V° siècle, les poèmes scaldiques vantent les hauts faits des souverains qui protégeaient leurs auteurs.
D’abord norvégiens, les scaldes (poètes) furent ensuite presque tous islandais.
Ces poètes composaient et déclamaient en public les vers qu’ils dédiaient à leurs protecteurs, les rois norvégiens.
Cette poésie raffinée obéit à des règles de versification complexe difficile à déchiffrer, même par des spécialistes.
Le scalde le plus célèbre est celui d’un Islandais Egill Skallagrímsson qui vivait à la cour de Norvège.
L’Islande connut une tradition orale très vivante.
Ce terme saga (pluriel sögur) vient de l’islandais segja qui signifie : "dire, raconter".
Bizarrement, ces sagas sont des textes en prose écrite.
Rédigées entre 1200 et 1350, elles constituent un genre littéraire original, différent des poèmes scaldiques et eddiques.
Leurs auteurs, anonymes pour la plupart, issus de l’Eglise, ont emprunté leurs thèmes dans les premiers temps de la colonisation de l’île ou dans l’histoire des rois de Norvège et de Danemark et dans les faits marquants des XII° et XIII° siècles.
Les sagnamaður (auteurs de sagas) rédigeaient dans la langue
vernaculaire, le norrois, et non en latin comme tous les récits écrits en Europe durant cette période.
D’abord hagiographes et chroniques royales, les sagas s’attachèrent ensuite à l’histoire des premiers colons.
C’est le cas des plus célèbres (le Landnámabók ou livre de la colonisation et l'Íslendigabók ou livre des Islandais) qui racontent les préambules de l’ère viking islandaise et l’implantation des premiers colons vikings en 874.
Landnámabók
Ces sagas sont dites classiques ou familiales, car elles évoquent fréquemment la destinée d’une famille ou d’une communauté de familles d’une même ferme ou d’un même district sur plusieurs
générations.
Saga de Njall
Le héros de sagas est une créature (söguligr) méritant d’inspirer une saga.
Il existe des héros "lumineux" (chanceux) aptes à attirer la bonne fortune (gaefa) et les héros sombres
dont la mauvaise fortune (ógaefa) est de ne pas avoir admis leur destin.
Grettir, héros sombre Njall, héros lumineux
La langue, le norrois, n’ayant pas évolué depuis l’époque viking, les Islandais peuvent encore lire les sagas, edda et poèmes scaldiques dans le texte (leur vie autarcique a figé leur langue). Ces écrits restent pour eux très importants.
Manuscrit du XIII° siècle
Depuis "la crise" de 2008, il ne s'est jamais autant vendu de livres en Islande.
L'Islande et la littérature au XXI° siècle
Tout Islandais possède au moins deux sortes d’œuvres dans sa
bibliothèque : les sagas et les romans d'Halldór Laxness (1902-1998) prix Nobel de littérature en 1955 faisant revivre l’Islande et ses habitants. Ce livre retrace la vie de trois Islandais de classe sociale différente et la vie d’un pays qui se bat pour son indépendance.
Leur amour de la culture est le noyau de la société islandaise, bien que l’école n’ait été obligatoire qu’à partir de 1913, le taux d’illettrisme était extrêmement
bas.
Ici, tout le monde est un peu poète et artiste et l’on dit " qu’une moitié des Islandais écrit des livres, l’autre moitié les lit".
Il est très facile de faire éditer et un Islandais sur dix publie un livre au moins une fois dans sa vie.
Ceci est un peu moins vrai à notre époque où les jeunes marquent une désaffection pour leur culture ancestrale, cédant aux sirènes de l’américanisation, ce que déplorent les plus
âgés.
En France, depuis quelques années, le roman islandais a le vent en poupe. Particulièrement le roman noir.
L'auteur le plus célèbre est Arnaldur Indriðason qui a déjà commis douze romans, dont six seulement
traduits en français : La cité des jarres, La femme en vert, La voix, L'homme du lac, Hiver arctique, Hypothermie.
Son héros est le commissaire Erlandur dont on suit les aventures au fil des romans.
Quelques-unes des oeuvres d'auteurs Islandais
Ólafur Gunnarsson
Steinunn Sigurdardóttir
Ární Þorarinsson
Jón Hallur Stefánsson Jón Kalman Stefánsson
Steinar Bragi Kristof Magnusson Þórarinn Eldjárn
Einar Már Guðmundsson
Einar Kárason Audur Ava Ólafsdóttir
Sjón
Kristín Omarsdóttir Jón Svensson
Kristín Marja Baldursdóttir
Einar Már Guðmundsson