L’utilisation du patronyme, héritage de l’ancienne coutume scandinave, facilite les recherches généalogiques.
Les Islandais sont curieux de leur généalogie. Une grande majorité connaît ses ancêtres sur six ou sept générations à tel point qu’un quotidien consacre une page chaque jour à ce sujet.
D’aucuns ont constitué des arbres généalogiques remontant plus loin que l’époque de la colonisation, jusqu’aux temps immémoriaux de la légende et certains affirment même qu’un dieu scandinave trône au sommet de l’arbre … (il ne faut quand même pas trop exagérer !!!).
Le système du nom de famille tel que nous le connaissons, n’existe pas en Islande.
L’identité des islandais est donnée par leur prénom (ce qu’ils appellent leur nom).
Le nom de famille est composé du prénom du père suivi de l’attribut SON pour le fils et DÓTTIR pour la fille.
Vous avez compris ?
Souvenez-vous, à Ingólfshöfði (le cinquième jour de notre voyage), Einar Sigurðsson le fils de Sigurður Bjarnason.
C’est facile, non ?
Imaginez qu’Einar ait une sœur prénommée Björk, elle se nommerait Björk Sigurðdóttir .
Et si Einar a un fils Erik ? : Erik Einarsson et une fille Vigdís ? : Vigdís Einarsdóttir.
Tous les Islandais s’apostrophent par leur prénom, sans distinction sociale.
Il est même toléré que les étrangers qui choisissent la nationalité islandaise
modifient leur nom selon l’usage.
Par contre, le poids de la tradition impose que les nouveaux prénoms, considérés comme des néologismes, soient entérinés par des comités spécialement crées à cet effet.
En septembre 2007, la "Commission Islandaise des Noms Humains" (... texto !) vient de statuer sur un certain nombre de demandes visant à
faire évoluer la gamme des prénoms existants.
Ainsi, le prénom Valgard a été rejeté, en raison des deux dernières
lettres "rd" jugées incompatibles avec les structures de la langue islandaise !
En revanche, les prénoms Rikki, Haddi et Álfar ont été acceptés.
En fait, pour la Commission, un prénom doit satisfaire à tout un ensemble de critères pour être
légalement reconnu. Il doit être comptatible avec les structures de la langue (déclinaisons) ou bien avoir été entériné par l'usage et les traditions dans la langue nationale. Il doit par
ailleurs pouvoir être prononcé en conformité avec les règles générales de prononciation islandaises. Enfin, sa signification ou sa sonorité ne doivent pas porter préjudice à celui ou celle qui le
portera, et il doit être adapté au sexe de son titulaire (pas de prénoms féminins pour les garçons et pas de prénoms masculins pour les filles).
Les prénoms masculins Thór (habituellement Þór), Olav, Merkúr, Mýrmann, Austan et Hrafntýr ont eté
acceptés, alors que Jamie, Reese, Carlo, Antonio et Francisco ont été radicalement rejetés.
Du côté des prénoms féminins, l'intransigeante Commission n'a pas accepté Kristal, mais a donné son
feu vert aux Malía, Gísla, Jarún, Ótta, Júlíetta, Sólrós, Matthilda, Karí, Hjörtfrídur, Debora et Nenna !
Sources : Journal "Morgunblaðið", retranscrit par Iceland Review.
Certaines familles détiennent néanmoins des noms de famille étrangers, mais ils furent achetés autrefois par des "parvenus" qui considéraient l’adoption d’un nom
français ou anglais comme plus "aristocratique".
"L'annuaire téléphonique islandais (simaskra) intrigue les étrangers avec ses quelque 260.000 abonnés commençant par des prénoms. Les prénoms islandais sont plus nombreux que les prénoms français et les combinaisons prénom-patronyme identiques sont fréquents et peuvent prêter à des confusions de personnes.
Il est donc indispensable de connaître le prénom de la personne
recherchée.
Par exemple, Gunnar Snorri Helgason et sa soeur Anna Björg Helgadóttir sont les enfants de Helgi. Ils figureront respectivement à l'annuaire sous la lettre G et la lettre A.
A l'époque païenne (874-1000) le choix du prénom d'un fils était l'apanage du
père qui choisissait le nom d'un aïeul, d'un oncle, d'un ami cher, un nom de dieu, d'un héros ou au connotations flatteuses et à la belle sonorité : Thor (dieu de la guerre), Mar (mouette, nom
masculin), Guðrún (rune de dieu), Sigriður (la victorieuse),Vigdís (femme à l'épée), Unnur (la vague), etc.
Ensuite des prénoms de saints furent adoptés à l'époque du catholicisme (1000-1550) : Agnes, Agust, Pall, Karl, Markus, Johannes, Pétur, Benedikt, Jakob, Mattias, Simon, Sesselja, Jon, Anna,
Elisabeth, Maria etc.
Quand sous la domination danoise l'église fut contrainte de passer au protestantisme, ces noms subsistèrent et certains prénoms bibliques sont alors devenus usuels, comme Aron ou Isak.
Les sagas ont de nombreux personnages aux sobriquets : Eirikur raudi (Erik le Rouge), Leifur heppni (Leif l'Heureux), Ari hinn frodi (Ari le Savant) etc.
Les sobriquets étaient injurieux pour les esclaves et les marginaux dans les sagas.
Les sobriquets ne sont guère employés sauf dans les commérages.
Jusqu'à une époque récente la coutume était d'attribuer au premier né le prénom du grand-père maternel, au second fils celui du grand-père paternel. Le processus était le même pour les filles
avec les prénoms de leurs grands-mères.
Les autres enfants étaient baptisés des prénoms d'oncles et de tantes que les
parents voulaient honorer.
Pour abréger les écritures il arrive que le deuxième prénom soit remplacé par la simple initiale, à l'américaine.
En revanche dans la conversation le patronyme disparaît et on parlera de
Gunnar Snorri ou de Anna Björg, quand ils n'ont pas de diminutifs ; Run ou plus courant, Gunna pour Guðrún, Sigga ou Sidda pour Sigriður, Gudmundur devient Gummi, Mundi, Mummi ou Gvendur,
Sigriður Siggi, Olafur Oli.
La loi autorise le matronyme, mais il est rarement utilisé. Les mères célibataires peuvent donner leur prénom à l'enfant.
Par exemple, si la mère de Gunnar Snorri et d'Anna Björg se prénomme Thordis
(vierge servante du dieu Thor), ses enfants auraient pu se faire appeler :
Gunnar Thordisarson et Anna Thordisardóttir (les prénoms se conjugant en islandais).
Le visiteur remarquera le grand nombre de prénoms païens dans l'annuaire téléphonique, tirés des sagas, et qui correspondent à léveil du nationalisme islandais pour s'affranchir de la domination
danoise au 19e siècle.
Les prénoms composés avaient une signification : Thorsteinn (Pierre de Thor),
Astridur (amazone des dieux Ases), Brynhildur (la femme à l'armure) etc.
Les sociétés commerciales peuvent porter des noms de divinités de la mythologie scandinave : Frigg, Freyja, Sjöfn, Gefjun, Idunn (comme la France a sa fusée Ariane !).
Les prénoms de personnages plus ou moins odieux des sagas et des contes ne sont pas repris en général. Mais il arrive que l’on rencontre un Mördur, un Judas ou une Signy ...
Quelques rares noms de familles apparaissent sans la terminaison « son »
(fils de) ou « dóttir » (fille), ce sont en général des noms d'origine étrangère. De nos jours tout étranger, qu'il soit d'origine asiatique, africaine ou occidentale, qui obtient la nationalité
islandaise doit se conformer à la législation sur les prénoms et patronymes islandais.
Ce système des prénoms était de règle dans toute la Scandinavie jusqu'au 18e siècle et n'a pris fin en Suède qu'au début du 19e. Les Islandais n'ont fait que perpétuer un système que leurs aïeux
avaient importé, système parfaitement adapté à une nation grande par sa réputation, mais petite par le nombre de ses habitants qui ne forment en fait qu'une grande famille. C'est une façon de
marquer leur indépendance vis-à-vis des anciens royaumes et des grands états.
Enfin, ce système permet de cultiver le souvenir des pionniers du pays en
perpétuant les noms d'ancêtres courageux, qui affrontèrent des semaines en mer dans des conditions inhumaines avec leurs maigres possessions, et qui sont restés".
Tiré en partie d'un texte écrit par René Chataignier