Vendredi 24 juin
En me douchant ce matin, une illumination me vient, le lac que nous cherchions hier soir, c’est tout simplement le Blue Lagoon qui l’a annexé suite à la fermeture de l’usine de diatomite qui traitait les algues unicellulaires (diatomées), abondantes dans les eaux du lac. Grâce à la chaleur collectée en profondeur, les algues étaient séchées dans les fours et s’enveloppaient d’une carapace siliceuse servant, entre autre, à la fabrication des prothèses dentaires, d’abrasifs et d’explosifs .
Après un consistant petit déjeuner, nous quittons notre havre de paix.
Le soleil brille sur Skútustaðír, nous gravissons la petite côte qui nous mène aux pseudo-cratères recouverts d’herbe.
Ils se forment à partir d’explosions dues au contact de la lave et de l’eau : quand une coulée se déverse sur les lacs, la mer ou des rivières,
la vapeur d’eau formée sous la lave cause une brèche dans la coulée par explosion. Plusieurs « éruptions » de scories déclencheront la
création de cratères. On les nomme pseudo-cratères car ils n’ont pas de cheminée qui émet de la lave.
Attaqués par des nuées de moucherons, nous nous replions vite vers la voiture.
A Kalfaströnd, émergent des eaux claires du lac Mývatn, des blocs de lave
rougeâtres colonisés par les lichens orange vif.
En s’écoulant sur les marécages, une lentille de magma s’est accumulée derrière un barrage naturel. Des dégazages ponctuels ont eu pour effet de figer ces colonnes verticales, qui sont apparues après la vidange du lac de lave.
En longeant le lac Mývatn vers le nord, nous rencontrons les Dimmuborgir (châteaux noirs) au pied du Mont Hverfjall. Se sont les restes d’un lac de lave figée à l’instar des ruines d’un château. Plusieurs chemins balisés permettent d’en faire le tour.
Deux maçons façonnent un mur en taillant des blocs de lave. Un vrai chef d’œuvre de Compagnon.
Le temps est idéal, nous nous rendons à l’ aérodrome de Reykjahlíð pour effectuer un survol de la région.
Le commandant prépare son Cessna 206 et nous survolons le lac. Nous sommes rapidement au-dessus des pseudo-cratères de Skútustaðír, d’en haut, nous nous rendons bien compte de cette particularité géologique.
Puis vient le Mont Hverfjall tout noir avec son immense cratère béant (1000 mètres de diamètre), le sentier qui conduit au sommet paraît bien trop difficile pour nous.
En route pour Nàmajlall et le site géothermique de Hverarönd-Námaskarð encore plus impressionnant vu du ciel.
Ensuite ce sont l’usine de Króflustöð, le Krafla, le lac Helvíti toujours aussi miroitant, le site volcanique de Leirhnjúkur fumant, Blue Lagoon, l’usine de Bjarnarflag et son lac tentateur. Les vingt minutes prévues se sont transformées en une demi-heure. Nous n’avons pas vu le temps passer.
Merci commandant pour cette belle balade.
Le vol de vingt minutes revient à 4500 KR (60€), le prix est un peu élevé, mais le site le justifie, ainsi que les yeux brillants de Nicolas.
Au revoir le lac Mývatn et ses merveilles.
Nous reprenons la route N°1 par le sud du lac, la partie en gravier a été goudronnée.
Il est l’heure de déjeuner, les bords de la Laxá nous tentent, mais les moucherons sont encore là.
Plus loin, le lac Másvatn semble nous attendre, mais ces saletés de moucherons y sont aussi.
Enfin, nous dénichons un petit coin de rêve, une belle étendue d’herbe épaisse longée par la rivière Reykjadalsa qui s’étire langoureusement sous une falaise où nichent des pétrels.
Etant en avance sur le programme, nous nous octroyons une petite sieste sous le soleil. Le thermomètre indique 37°5 (au soleil), nous repartons le visage un peu rouge.
Nous plions bagages et nous dirigeons vers notre gîte de Fosshól.
Photo farmholidays.is
Comme il est très tôt, nous poussons jusqu’à Akureyri, la deuxième plus grande ville d’Islande.
Nicolas se pose plein de questions existentielles : il va y avoir des feux tricolores, comment conduire le 4 X 4 dans la circulation ? Vais-je réussir un créneau avec cette voiture ? On ne va pas pouvoir s’arrêter où bon nous semblera pour photographier.
Effectivement, la circulation s’intensifie, nous rencontrons une voiture toutes les deux ou trois minutes …
Nous découvrons Akureyri de l’autre côté de l’Eyjafjörður.
Selon une légende, c’est un viking norvégien, Helgi le Maigre, premier homme à s’être installé ici, qui baptisa le lieu Kristnes (le Cap du Christ). Il faut attendre la fin du XIX° siècle pour que la ville se nomme Akureyri (pointe des champs d’orge).
Passé le pont, nous pénétrons dans la rue Hafnarstræti ou subsistent des maisons colorées édifiées entre le XVIII° et le début du XX° siècle.
Nous garons la voiture devant l’office du tourisme où nous ne trouvons pas le "guide Icelandic food" (manger en Islande *) que nous cherchons vainement depuis notre arrivée et déambulons dans la rue piétonne à la recherche d’hypothétiques cadeaux à rapporter.
A part une importante librairie où nous faisons provision de cartes postales et d’une carte routière qui couvre la Kjölur, nous ne trouvons rien.
D‘agréables effluves se dégagent des genêts qui bordent les rues, les sorbiers des oiseleurs embaument les jardins, les aubépines en fleurs distillent un doux parfum.
Photos Wikipedia
L’église en basalte fait penser à des orgues basaltiques.
Elle a été construite en 1940, par le même architecte à qui l'on doit la cathédrale Hallgrímskirja de Reykjavík
Photo gallimard
Nous nous goinfrons de glaces Brynja, les meilleures d'Islande (parait-il). Le propriétaire a fait peindre son portrait, et celui de son épouse, sur son camion, ainsi que la représentation du célèbre adage : du producteur au consommateur !!!
Photo Chris Gilabert
Le tour de la ville est vite fait et l’on se demande où peuvent se cacher les 15 000 habitants.
Vite, retournons loin de la « civilisation ».
Non loin de notre bercail, nous longeons le lac Ljósavatn (lac clair) aux eaux calmes. Puis, ce sont les puissantes chutes de Goðafoss, qui dans un fracas d’enfer s’élancent dans la rivière Skjálfandafljót qui a entaillé, pour y creuser son lit, la coulée de lave de Bárðardalur.
Selon la Saga de la Christianisation, le pays était divisé en deux camps : le chrétien et le païen qui menaçaient de s’affronter. En l’an 999, Þorgeir Þorkelsson, un fermier qui habitait près du lac Ljósavatn, harangua les hommes de l'Alþing et dit : "Ayons une seule loi et une seule foi, car si nous rompons la loi, nous romprons la paix ". Revenu de Þingvellir, Þorgeir jeta les effigies des anciens dieux (Godars) Thor et Odin dans la chute. Ce geste donna son nom à la cataracte de Goðafoss (la chute des dieux).
Installés dans notre portion de bungalow jaune, dans une grande chambre avec sanitaires privés (bien qu’ayant réservé en catégorie II) nous allons nous restaurer : minestrone, côte de porc ou saumon, légumes rituels et pas de dessert.
Nous effectuons notre promenade digestive le long des gorges de la Bárðardalur. La rivière Skjálfandafljót est impétueuse et les innombrables îles qui s’y trouvent cassent le courant en provoquant d’énormes vagues.
Photo Wikipedia
Nous nous rendons ensuite au bord de la cascade de Goðafoss vraiment impressionnante avec ses trois chutes de 12 mètres placées en arc de cercle.
Pour une fois, les fenêtres de notre chambre sont occultées par des stores vénitiens mais la porte semi vitrée laisse passer la lumière.
Nous scotchons une couverture de survie sur les montants de la porte, mais le vent fait bruisser la couverture et nous empêche de dormir.
Nous la bloquons avec une serviette de bains et nous passons une bonne nuit dans l’obscurité.
* Ce guide se trouve sur la page Recettes .