Mardi 21 juin, c’est l’été.
C’est pluie et brouillard. Un proverbe islandais dit : Si tu n ‘es pas content du temps, attends cinq minutes. Il y a bien longtemps que les cinq minutes sont écoulées, et nous n’avons pas vu le soleil pointer le bout de ses rayons.
Petit déjeuner coutumier auquel il faut ajouter des tranches d’agneau fumé
(hangikjöt) auxquelles je n’arriverai jamais à m’habituer.
Nous découvrons un hot-pot en chargeant la voiture, mais il est vide, pas de regrets !!!
Après de grands adieux à notre hôte, nous partons à la conquête des fjords de l’est.
Stöðvarfjörður est un mini port autour d'une ravissante église bleue.
Fáskrúðsfjörður a été fondé par les fameux pêcheurs d’Islande Français au début du XX° siècle.
Les noms des rues y sont écrits dans les deux langues.
En contrebas, se trouve un monument où l’on peut déchiffrer le nom de quarante-neuf marins Français et de leurs bateaux.
La bruine, le brouillard et les prairies donnent à ces fjords un petit air de loch écossais, l’on s’attend à en voir surgir Nessie.
Nous passons à Reyðarfjörður, niché au fond d'un très long fjord.
Nous ne pouvons profiter de la splendeur de ces fjords, la pluie battante et le brouillard dense gâchent tout.
La montée vers Neskaupstaður, dans le brouillard épais ressemble à l’ascension de la F985.
Nous passons sous le tunnel du col de Oddsskarð, un gros camion a juste la place de s’y faufiler.
De l’autre côté, nous sommes accueillis par le la glace, il y a moins de brouillard, il fait 3°, c’est l’été !!!
Les larges plaines verdoyantes alternent avec les pentes enneigées.
A Neskaupstaður, c’est une horrible odeur de poisson qui nous reçoit. La ville est un peu tristounette. S’il avait fait beau, notre perception des choses en eût sûrement été modifiée.
Heureusement que quelques lupins égaient le paysage.
Nous regrettons un peu les 80 kilomètres de détour, car le village ne possède rien qui mérite qu’on s’y attarde et le temps ne permet pas d’effectuer l’excursion en bateau.
En redescendant sur Reyðarfjörður, le voile de brume se soulève et laisse entrevoir les bateaux et les îlots sur le long fjord, ainsi qu’une incommensurable myriade de cascades qui dévalent de la montagne encore embrumée
Par une superbe route de montagne tortueuse, bordée de maquis, agrémentée de ruisseaux, glaciers, névés et quantité de cascade, nous arrivons à Egilsstaðir.
Nous montons jusqu’à Seyðisfjörður.
La température annoncée est de 2°, la glace est au bord de la route, les lacs sont gelés, du givre sucre les herbes ondulantes sous le vent ; c’est magnifique.
Les quelques voiles de brume qui nimbent les glaciers leurs confèrent un aspect étrange.
La puissante cascade de Gugufoss se rue entre les roches.
Seyðisfjörður est un petit port de pêche très accueillant. C’est de là que débarquent les touristes venant du Danemark.
A la fin du XIX° siècle, des norvégiens s’installèrent dans ce port, attirés par les ressources halieutiques du hareng, ce qui explique toutes ces coquettes petites maisons de bois colorées et son église bleu ciel dans la pure tradition norvégienne.
Sur la route du retour vers Egilsstaðir, nous admirons les cascades que nous n’avions pas vues en descendant.
Nous nous dirigeons ensuite vers LA forêt de Hallormsstaður en longeant le lac Lagarfljót ou Lögurinn. Tant de verdure, ça nous change des « sandur ».
Autrefois, l’Islande était boisée, mais les différents cataclysmes et l’exploitation immodérée l’on décimée.
Depuis 1903, on a replanté une quarantaine d’espèces : bouleaux nains, épicéas, mélèzes, sapins rouges etc.…
Comme au Loch Ness en Ecosse, il se raconte aussi qu'un monstre vivrait dans les eaux sombres du lac. Nous ne l'avons pas aperçu…
De retour à Egilsstaðir nous faisons le plein, car il n’y a plus une station avant Mývatn à 195 kilomètres.
La route N°1, d’Egilsstaðir à Grímsstaðir où nous sommes attendus est déserte, de belles échappées sur le canyon de la Jökulsá á Fjöllum nous délassent.
De superbes cascades déferlent de la montagne et vont augmenter le débit de la Jökulsá.
A une quarantaine de kilomètres d’Egilsstaðir une station service toute neuve attend le client, les enfants nous font de grands signes afin que nous nous y arrêtions.
Peu après la portion de route en gravier, un panneau « traversée de rennes » nous tient en éveil. Dès qu’au loin, un mouton pointe le bout d’une oreille, nous nous demandons de quel animal il s’agit.
Pas de renne, mais la pluie refait son apparition.
Les rennes ne sont pas natifs de l'Islande, mais y furent introduits de 1770 à 1778. De nos jours, une harde de
3.000 têtes environ circule librement sur les plateaux de l'Est du pays.
Un vol
d’oies sauvages nous suit durant quelques kilomètres.
Les vingt kilomètres de route prévus en gravier se sont transformés en une superbe autoroute.
Avec ce genre de panneau, impossible de se perdre !!!
Après trente kilomètres de sandur noir de noir, une route nous conduit à notre ferme de Grímsstaðir-Grímstunga, au milieu de nulle part.
Nous sommes accueillis par un gentil chien de berger islandais qui ne demande que des caresses (et des gâteaux).
Pas âme qui vive à des kilomètres à la ronde.
Nous nous installons dans notre vaste chambre et allons de ce pas déguster une exquise soupe islandaise *(kjötsúpa) au mouton, les légumes habituels et des petits pains ronds maison. Toujours pas de dessert.
Ce soir, pas de promenade digestive, il fait un froid de loup. Nous profitons de la cuisine collective déserte pour nous installer et rédiger nos cartes ou notre carnet de route.
* La recette de la soupe islandaise se trouve dans la catégorie "Tout ce qu'il faut savoir sur l'Islande", au chapitre recettes